Colonie Espérance le 3 août 1875
Mon très cher frère,
J’ai reçu ta lettre le 1er courant et je m’empresse de te répondre.
Tu me parles dans ta lettre comment je veux faire avec ma part de chez Lorson. J’ai donné ma parole et je ne la retire pas. Pour ma part tu la partageras entre toi et ma sœur Marie et pour ce qui me vient d’Antoine tu y garderas.
Sur le fourneau que je vous avais demandé, vous me l’enverrez. Je me suis aperçu que le frère de Victor Valloin allait venir. Vous pouvez le lui confier car tous ceux qui sont venus en Amérique dernièrement de Féternes, nous sommes tous voisins. Pour le fourneau, il n’a pas besoin d’être tant gros. Tu achèteras le numéro 3.
Maintenant quand tu récriras, tu me diras de la manière qu’il faut que je fasse pour que ce papier soit valable.
Tu me parles de mon frère François, de la procuration. Je n’en savais rien, c’était la première nouvelle car jamais mon frère ne m’en avait parlé.
Mon très cher frère, Dans ta lettre tu ne me parles pas ni de la récolte ni du culte, comme la religion marche chez nos voisins les Suisses, ni du gouvernement, car ici on est très curieux de tout savoir.
Ici l’année passée a été très mauvaise, nous avons été tout ravagé par les sauterelles. Il en tombait comme quand il neige fort chez nous. Quoique cela il n’y a pas misère, mais c’est une mauvaise saison. Le pain ne manque pas et il n’est pas cher.
Tu feras part de cette lettre à ma sœur Marie et à sa famille. Le bonjour à ma sœurs Marie et à sa famille.
Toute la famille s’unit à moi pour vous donner le bonjour et tu donneras bien le bonjour à ta femme et à tes enfants.
Je suis pour la vie votre dévouée sœur
Marie Dutruel
