Colonie Esperanza, le 6 mai / 1877

Cher Frère,

Je m’empresse de t’écrire cette lettre pour que tu ne sois pas dans l’inquiétude pour cette somme que tu m’as envoyée et que j’ai reçue au complet.
Donc, mon cher frère, pour la quittance ne sois pas en peine ; au plus tôt que j’aurai l’occasion de la faire faire au chef de police de la colonie, sur papier timbré, je te l’enverrai par la poste.

Tu m’excuseras si je te fais attendre dans mes réponses, tu connais le cas pourquoi.

J’aurais bien des choses à te dire ou t’expliquer par ci par là sur certain point, mais qu’il ne vaut pas la peine de faire écrire par la main d’un autre. Je te dirai seulement que ma famille et moi nous nous portons tous à merveille, et chacun respire en plein poumon. Je t’enverrai la photographie de tous ; je n’ai pas honte de te l’envoyer et de te faire voir de mes rejetons ; je te l’enverrai en même temps que la quittance.

Ainsi donc, cher Frère, reçois mes sincères salutations.

François Dutruel