Colonie Espérance le 1er Mars 1876
à Joseph Dutruel (Féternes)
Mon cher frère
Je profite de l’occasion de Jean Laperouza pour t’envoyer ces quelques lignes et en répondant à ta lettre datée du 1er novembre par laquelle tu me demandes toujours sur cette petite affaire de chez Lorson.
Et bien, je voudrais comme je vous ai toujours dit, tu garderas la part d’Antoine pour toi et ma
propre part vous vous la partagerez entre les deux. Maintenant ne revenez plus sur ce sujet car j’en ai honte.
Pour le papier, l’année prochaine, il doit aller quelques pays vous retrouver. Je m’arrangerais avec un, pour qu’il vous puisse vous donner quittance.
Pour faire comme tu me dis, parce que j’ai peur qu’en faisant (—) a un pour qu’il vous vende, qu’il y vende tout à un et qu’il me coyonne. Ainsi vous attendez l’année prochaine.
Vous autres, vous vous plaignez de la mauvaise récolte en Europe et nous autres on est très heureux. Déjà trois années suivies qu’on est ravagé par les sauterelles qui nous laissent rien. Ainsi, vous pouvez comprendre si l’on chante toujours.
Maintenant pour la famille tout va bien, on est tous en bonne santé et on désire que vous soyez de même.
Je finis ma lettre en vous embrassant et je suis pour la vie
Ta sœur dévouée
Dutruel Marie
Monsieur Joseph Dutruel à Féternes
